
Généraliste
« On ne joue pas avec la nourriture »
Combien de fois avons-nous entendu cette injonction enfantine, lorsque nos parents tentaient d’interrompre une bataille de purée improvisée ?
Derrière cette réprimande se cache une vérité profonde.
Se nourrir, tout comme se loger ou se soigner, relève des besoins primaires de l’humanité, des nécessités vitales auxquelles personne ne peut échapper.
Ces besoins, parce qu’ils conditionnent notre survie, ne peuvent être réduits à de simples marchandises soumises aux aléas du commerce international.
L’Assemblée Nationale a adopté ce 27 novembre 2025 à la quasi-unanimité une résolution invitant le gouvernement à s’opposer à l’accord de libre échange avec le MERCOSUR (Amérique latine). Malheureusement la France n’a pas encore réussi à réunir suffisamment d’alliés européens pour bloquer l’accord.
Plusieurs pays, comme l’Allemagne et l’Espagne, restent favorables au traité, ce qui rend difficile la constitution d’une minorité de blocage au Conseil de l’UE.Pourtant ce projet menace directement le modèle agricole européen, qui repose sur des normes sanitaires et environnementales parmi les plus strictes du monde.
Sommes-nous prêts à sacrifier nos agriculteurs, notre souveraineté alimentaire et nos standards de qualité pour ouvrir des débouchés à l’industrie automobile ?
Cette question n’est pas seulement une affaire de protectionnisme ou de défense corporatiste. Elle touche au cœur de notre rapport à la nourriture. Car derrière les promesses de libre-échange se cache souvent une logique de dumping qui détruit des vies et des écosystèmes.
De plus, notre modèle économique révèle ses contradictions les plus choquantes lorsqu’il s’agit des pesticides. En Europe, nous avons interdit l’usage de nombreux produits toxiques pour protéger notre santé et notre environnement.
Mais ces mêmes pesticides continuent d’être produits et exportés vers des pays tiers, où ils polluent les sols et empoisonnent les populations locales. L’ironie tragique, c’est que ces substances nous reviennent sous forme de résidus dans les produits importés.
Un effet boomerang qui illustre le cynisme d’un système incapable de respecter les limites éthiques qu’il prétend s’imposer.
Le commerce international ne peut plus se faire au mépris de l’humain et de la planète.
Nous ne jouons pas avec la nourriture : c’est une règle que nous enseignons à nos enfants. Il est temps que nos gouvernements en fassent un principe de gouvernance.
L’accord MERCOSUR, dans sa forme actuelle, doit être rejeté. Il est impératif de repenser les règles du commerce mondial pour replacer la souveraineté alimentaire et les droits humains au centre des négociations.
La nourriture ne peut être une banale monnaie d’échange. Elle est un bien vital pour l’humanité comme l’eau, l’air et le logement. Ne l’oublions jamais.
Jean-Jacques Gaudiche, président de Terrafine.

Généraliste
Libération

Généraliste
Les agriculteurs français sont confrontés à une réalité alarmante : leur profession les expose à un risque de suicide nettement supérieur à celui d’autres catégories socio-professionnelles.
Selon Santé Publique France, les personnes âgées de 15 à 64 ans travaillant dans le secteur agricole présentent un risque de suicide accru de 43 % par rapport aux assurés des autres régime.
Cette situation trouve ses racines dans plusieurs facteurs structurels liés au métier d’agriculteur :
Cet état de faits montre que la profession agricole porte une charge émotionnelle et sociale considérable.
C’est parce que nous ne pouvons pas laisser le système actuel broyer celles et ceux qui cultivent nos territoires que Terrafine s’engage pour promouvoir des modèles agricoles solidaires 🌱
Des alternatives existent déjà : il ne manque plus que vous pour les faire vivre et renforcer le lien entre agriculteurs et société 🤝

Généraliste
Dans un contexte de crise écologique et de perte de biodiversité, nos paysages agricoles jouent un rôle déterminant (et paradoxalement souvent ignoré).
Au-delà des terres cultivées elles-mêmes, ce sont les éléments « semi-naturels », comme les haies, qui peuvent faire la différence.
👉 Les haies constituent de véritables réservoirs de biodiversité : elles offrent abri, nourriture, couvert, et zones de reproduction à de nombreuses espèces (oiseaux, petits mammifères, insectes, reptiles, etc.)
Elles jouent aussi le rôle de corridors écologiques permettant aux espèces de circuler d’un habitat à un autre, ce qui est crucial dans des paysages morcelés ou intensivement cultivés.
👉 Mais ce n’est pas seulement la faune visible qui y trouve refuge : la vie souterraine aussi (vers de terre, champignons, micro-faune du sol)
Cette richesse du sol se traduit par des services écosystémiques : meilleure structure du sol, stockage de matière organique, régulation de l’eau, prévention de l’érosion, etc.
👉 Une haie bien implantée ralentit le ruissellement, favorise l’infiltration, limite l’érosion et filtre les excès d’azote ou de pesticides, protégeant ainsi la qualité de l’eau.
👉 Un patrimoine paysager, culturel et économique
Les haies dessinent nos paysages et participent à l’identité rurale de nombreuses régions. Elles peuvent également fournir des ressources renouvelables (bois, litière, fourrage, haies fruitières...) et participer à l’économie locale, quand elles sont gérées de façon durable.
Malheureusement, le recul des haies est spectaculaire depuis des décennies, en lien avec l’intensification agricole et le remembrement. Cette disparition fragilise les écosystèmes.
En collaboration avec ReGeneration, Terrafine intègre dans ses baux une clause environnementale destinée à protéger la biodiversité.
Concrètement, chaque bénéficiaire s'engage à préserver ou développer des Surfaces d'Intérêt Écologiques (SIE), représentant au minimum 10% des terres acquises par Terrafine.
Crédits photos : Freddy Marie

Généraliste
D’après les travaux d’Olivier Hamant, biologiste.
Nos sociétés modernes se sont construites autour d’une idée centrale : la performance.
Toujours plus vite, toujours plus efficace, toujours plus rentable. Cette obsession a façonné nos modèles économiques, nos organisations et nos systèmes de production.
Optimisation maximale, vitesse accrue, flux tendus, zéro marge de manœuvre.
👉 Résultat : des systèmes extrêmement fragiles, incapables d’encaisser le moindre choc.
Cette fragilité apparaît de façon particulièrement criante dans le secteur agricole.
L’agriculture intensive repose sur une logique d’optimisation permanente : investissements lourds dans les infrastructures, dépendance aux intrants, spécialisation extrême des cultures. Tout est pensé pour maximiser la production.
Mais cette quête de rendement a un coût.
Au premier aléa (climatique, sanitaire ou économique), l’équilibre s’effondre. Les exploitations se retrouvent en grande difficulté financière, et les agriculteurs portent seuls le poids de ces risques systémiques.
Un modèle performant sur le papier, mais peu résilient dans la réalité.
C’est là qu’interviennent les travaux d’Olivier Hamant.
Le biologiste nous invite à observer le vivant, non pas comme un idéal de performance, mais comme une leçon de robustesse.
Dans la nature, rien n’est optimisé.
Et pourtant, le vivant dure depuis des milliards d’années.
Le vivant privilégie :
👉 C’est précisément cela qui le rend robuste.
L’agriculture extensive s’inscrit davantage dans cette logique du vivant. Plutôt que de chercher le rendement maximal à court terme, elle mise sur des systèmes plus diversifiés et plus souples.
Les mélanges de cultures, par exemple, peuvent sembler moins productifs à première vue que les monocultures. Mais ils sont bien plus résistants face aux aléas climatiques, aux maladies et aux parasites.
La diversité devient une assurance collective, là où l’uniformité crée de la vulnérabilité.
Olivier Hamant insiste sur une distinction essentielle : la viabilité n’est pas la performance.
La performance est un pic, un moment. La viabilité est une trajectoire :
👉 plus sobre,
👉 moins tendue,
👉 capable de bifurquer,
👉 construite avec d’autres.
La viabilité, c’est ce qui dure dans le temps.
Dans le vivant, la robustesse ne naît pas de la compétition permanente, mais de la coopération.
Les organismes interagissent, se soutiennent, créent des réseaux capables d’absorber les chocs.
S’inspirer du vivant, selon Olivier Hamant, implique de revoir en profondeur nos modèles :
Autrement dit, accepter de perdre en performance immédiate pour gagner en robustesse collective.
Une leçon précieuse, à l’heure où nos sociétés sont confrontées à des crises multiples et durables.
Crédits photos : Laura Collard, Colin Delfosse (CC-BY-NC-ND)